L'OPUS MIXTUM
Une nouveauté en Gaule dans la maçonnerie réalisée dans le tunnel du premier aqueduc, à l’époque augustéenne, utilisant la construction en opus mixtum, consistant en l'alternance dans un mur des lits de moellons (opus vittatum) et des lits de briques (opus testaceum).
Or, cette technique n’est sensée apparaître en Gaule qu’au début du IIe siècle de notre ère, soit au moins un siècle plus tard.
Il semble que cette technique ait été introduite pour cet ouvrage par des maçons romains et n’a plus été mis en œuvre en Gaule avant le IIe siècle.
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L’EFFET VENTURI
Sur les aqueducs de Saintes, il existe plusieurs innovations hydrauliques inédites dans l’empire romain. L’une d’elle correspond à l’effet Venturi (physicien italien du XVIIIe / XIXe siècle). Cet effet est un phénomène de la dynamique des fluides qui consiste à diminuer le passage d’un fluide de débit constant, pour que sa vitesse augmente. Sur le deuxième aqueduc de Saintes, ce rétrécissement existe à plusieurs endroits, afin de faire accélérer l’eau de l’aqueduc. Les ingénieurs hydrauliciens romains connaissaient donc ce phénomène, plus de 18 siècles avant nous.
Avec son étude sur les fluides, Venturi a en réalité prolongé le travail de Bernoulli, mathématicien suisse du XVIIe siècle qui avait auparavant déterminé le même phénomène, mais verticalement. Il se trouve que sur le deuxième aqueduc de Saintes, l’ingénieur hydraulicien romain a appliqué ce phénomène, plus de 1700 ans avant la loi de Bernoulli.
LES TUBES
Au sein du tunnel du premier aqueduc de Saintes, il y a un autre système inédit. Il s’agit de la réalisation de tubes, installés dans chaque poche d’argile (cavité dans la roche calcaire du coniacien, pouvant remonter à la surface). Ce tube est étanche dans sa partie supérieure et descend en dessous de la maçonnerie qui supporte le premier aqueduc.
Son rôle est de contenir la montée des eaux provenant de la diaclase venant de la surface. En effet, l’eau arrivant dans le vide créé par le tunnel remontait dans l’ensemble de l’espace en fonction de la quantité, et donc remonté également dans le tube étanche. L’air contenu dans le tube se compressait jusqu’à ce qu’il devienne incompressible, ainsi bloquait la montée de l’eau.
Parallèlement, à la base du tunnel, un drain longeant le muret de soutien du conduit de l’aqueduc a été conçu jusqu’à la sortie, afin d’évacuer l’eau de pluie
LA TECHNIQUE DE CREUSEMENT
Sur les aqueducs de Saintes existent deux techniques différentes de creusement des tunnels. La technique jusqu’alors connue et décrite par J.-C. Bessac (spécialiste des carrières) sur l’aqueduc de Nîmes consistait à commencer le creusement de la galerie par le haut, jusqu’à la base. Cette technique nous l’a retrouvons dans les tunnels du deuxième aqueduc.
Concernant le creusement du tunnel du premier aqueduc, le creusement commence par la base et se termine par la voûte, ce qui nécessite la mise en place d’un petit échafaudage. Ainsi, on peut noter une amélioration dans le creusement en l’espace d’un demi-siècle, ne nécessitant plus l’échafaudage.
LES INNOVATIONS TECHNIQUES DES AQUEDUCS DE SAINTES
Les Aqueducs Antiques de Saintes
Ce site présente une partie des recherches effectuées depuis 2003 par Jean-Louis Hillairet, l'archéologue responsable de l'étude et des fouilles des aqueducs antiques de Saintes.
Remerciements pour les prospections pédestres et les fouilles qui ont eu lieu depuis près de 15 ans avec la participation matérielle et financière de la SAHCM (Société d'Archéologie et d'Histoire de la Charente Maritime) et ses nombreux bénévoles, tout particulièrement Vincent Miailhe pour les relevés topographiques et Gérard Couprie pour ses recherches de terrain. Remerciements également aux propriétaires des terrains fouillés pour leur intérêt ainsi qu'aux mairies.