Tunnel du Plantis des neufs puits
Puits n°3, coupe de la déviation
de rattrapage de 4 mètres
Figure A - Relevés J.-L. Hillairet – DAO V. Miailhe - Coupe de la galerie représentant le premier (flèche rouge) et le deuxième aqueduc (flèche noire), ainsi que le trou vertical (flèche verte), caniveau d’évacuation du drainage (flèche bleu).
PORTION SUIVANTE DES AQUEDUCS
PORTION PRÉCÉDENTE DES AQUEDUCS
Galerie amont du 3e puits, rattrapage de direction
Galerie amont du 3e puits, rattrapage de direction
Dérivation de 4 mètres et technique de creusement
Une importante erreur d’axe de 4 mètres relevée dans la section 3 (les équipes de creusement amont et aval ont failli ne pas se rencontrer) a permis de mettre en évidence la technique de creusement du tunnel du premier aqueduc. En effet, on observe au moment de l’arrêt du creusement de la galerie, un premier creusement par la base, avant le rattrapage d’alignement, alors que la partie supérieure de la galerie correspond aux travaux entrepris pour rattraper le conduit venant en sens opposé.
Ce creusement inférieur est également présent dans la section venant en sens inverse. Lors du creusement de ce premier tunnel, après avoir taillé la partie inférieure, il fallait sans doute mettre en place un escabeau ou un petit échafaudage pour creuser la partie supérieure de la voûte, qui pouvait atteindre une hauteur initiale de plus de 2,50 m. La technique de creusement a évolué lors de la construction des tunnels du deuxième aqueduc, le creusement des galeries du Douhet commençait par le sommet de la galerie.
Les treize puits
La construction du tunnel du premier aqueduc a nécessité le creusement de treize puits (et non neuf comme son nom l’indique) dont le plus profond est à 16 mètres. Ils sont espacés d’environ 32 m et ont également été réutilisés pour le passage du second et du troisième aqueduc. À cette occasion, certains ont été retaillés, passant d’une section circulaire à une section carrée. Sur les huit puits découverts, six présentent une forme intérieure cylindrique, les deux autres ont subi une transformation de section, sans doute lors du passage du deuxième aqueduc.
L’exploration souterraine a permis de noter que la galerie est très sinueuse avec des écarts importants, alors qu’à l’extérieur les puits sont alignés. Par comparaison avec les deux tunnels que nous avons explorés, sur la commune du Douhet, et qui correspondent à la construction du deuxième aqueduc, nous ferons une première remarque sur la technique du report topographique souterrain. Il semble que ces reports aient été nettement plus précis à l’époque de Néron (date présumée du second aqueduc) et sans doute plus souvent suivis par l’ingénieur topographe de l’époque (librator). Pourtant, la très haute qualité technique de construction du premier aqueduc, indique une grande maîtrise de l’ingénieur hydraulicien romain.
Le conduit du premier aqueduc présente une section trapézoïdale de 16 cm de large à la base et de 40 cm au sommet, sur une hauteur de 60 cm. Le profil donne une section de 16,80 dm2. La surélévation nécessaire pour le deuxième aqueduc présente une section rectangulaire de 36 cm de hauteur sur une largeur de 70 cm, donnant ainsi 25,20 dm2 à ajouter au profil du premier, ce qui donne un total de 42 dm2.
Ici, on peut observer la limite supérieure de la circulation de l’eau au sein de la conduite, qui dépasse légèrement la hauteur de la banquette, indiquant ainsi, un remplissage total du specus du deuxième aqueduc.
Le tunnel du Plantis des neufs puits a la particularité de recevoir le passage des trois aqueducs. En effet, il a été percé pour le passage du premier aqueduc, puis réaménagé comme pour les autres ouvrages d’art afin de laisser passer le débit d’eau plus important du deuxième et du troisième aqueduc.
Large de 1,30 sur une longueur de 530 mètres, il se trouve dans le prolongement du pont des ″Arcs″ en amont, pour ressortir au Bois de la Tonne en aval. Un mur a été réalisé permettant l’appui du conduit du premier aqueduc (Figure A, flèche rouge). Entre celui-ci et la paroi latérale du tunnel a été laissé un espace vide (Figure A, flèche bleue). Ce tunnel a été réutilisé pour le passage du deuxième aqueduc, par la réalisation dans cet espace vide d’une banquette en béton moulé (Figure A, flèche noire), permettant ainsi de rehausser de 40 cm la hauteur d’eau au-dessus du premier conduit et d’en quadrupler ainsi le volume. Il ne semble pas qu’il y ait eu des modifications pour le passage du troisième. Certaines parties de la galerie sont brutes de taille et d’autres sont habillées de maçonneries appartenant au premier et au deuxième aqueduc.
TUNNEL DU "PLANTIS DES NEUF PUITS" - FONTCOUVERTE
Les Aqueducs Antiques de Saintes
Ce site présente une partie des recherches effectuées depuis 2003 par Jean-Louis Hillairet, l'archéologue responsable de l'étude et des fouilles des aqueducs antiques de Saintes.
Remerciements pour les prospections pédestres et les fouilles qui ont eu lieu depuis près de 15 ans avec la participation matérielle et financière de la SAHCM (Société d'Archéologie et d'Histoire de la Charente Maritime) et ses nombreux bénévoles, tout particulièrement Vincent Miailhe pour les relevés topographiques et Gérard Couprie pour ses recherches de terrain. Remerciements également aux propriétaires des terrains fouillés pour leur intérêt ainsi qu'aux mairies.