Hypothèse de restitution de la Grand-Font, source sanctuaire du deuxième aqueduc de Saintes (17)
La noria dans le puits surplombant la résurgence, un système de roue crantée avec une chaîne à godets remontant l’eau à la surface (comme dans le puits des thermes du port antique de Barzan sur la côte charentaise).
Au niveau de la partie extérieure, quatre murs d’une largeur importante ceinturent le puits, supportant une toiture de type quatre pentes ainsi que la noria.
Le grand puits de 13 m de profondeur rejoint la surface à l’aplomb du bassin de la résurgence.
La galerie amont menant au captage de la source est l’élément principal de l’ensemble de la construction. Sa partie inférieure correspond au lit de la rivière souterraine, taillée à mi-hauteur jusqu’au plafond voûté. Le conduit antique est constitué par 13 blocs monolithes taillés en U, mis bout à bout. L’ensemble du conduit était recouvert de dalles de couverture, permettant un cheminement vers la source sur la largeur globale de la galerie.
Le bassin antique de l'exsurgence se trouve à 18,50 m de l’entrée, de forme quadrangulaire, creusé dans le substrat rocheux.
Le bassin de décantation quadrangulaire (à l’arrière de la porte fermant le bas de l’escalier) est réalisé en béton antique. Il correspond à un carrefour, lien entre les galeries naturelles retaillées, le conduit de l’aqueduc et les aménagements antiques.
Une salle de forme trapézoïdale surplombe le bassin de décantation, réalisée autour d’un puits carré. Celui-ci est ceinturé sur trois côtés par des murets, eux-mêmes bordés par des caniveaux réalisés en pierres calcaires et des trottoirs en béton antique. Cette salle devait avoir une toiture au-dessus du puits couvrant le bassin de décantation et protégeant l’eau de la source.
La galerie aval correspond à la rivière souterraine avec creusement de sa partie supérieure en forme de voûte. Dans ce tunnel de 70 m de longeur, le conduit antique de l’aqueduc est réalisé par des blocs monolithes taillés en forme de U mis bout à bout. Au-delà, un blocage de pierre de taille, réduit l’accès au passage de l’eau, point de départ de l’aqueduc réalisé en tranchée couverte.
PORTION SUIVANTE DES AQUEDUCS
PLAN DES AQUEDUCS DE SAINTES
Le captage d’une rivière souterraine, profonde de plusieurs mètres, la qualité et l’esthétique des éléments architecturaux, galeries, murs en petit moellons, caniveaux, bassins, specus, escalier monumental carrelé et couvert, porche d’entrée également carrelé et couvert, salle supérieure dont la partie centrale comportait une toiture, remontée de l’eau à la surface par une noria, niches à côté de la résurgence, confèrent à ce lieu le statut d’une source sanctuaire comme le pense Pierre Aupert dans Aquitania.
LA SOURCE DE LA GRAND-FONT AU DOUHET
La source de la ″Grand-Font″, sur la commune du Douhet, correspond au captage d’une exsurgence au sein d’une rivière souterraine située à plus de douze mètres de profondeur. Cette source, aux ressources importantes en hiver mais ne tarissant pas pour autant en période de sécheresse, est la plus en amont du second aqueduc, qui desservait la ville antique de Mediolanum.
La plate-forme d’entrée, recouverte à son origine par des dalles calcaires et protégée par une toiture. Au devant, plusieurs niveaux de sol antique ont été observés. Un escalier monumental, creusé dans le substrat calcaire, descend vers l’aqueduc. Il est fermé par un mur qui comportait une porte.
Les constructions antiques s’articulent principalement à partir d’éléments naturels existants. De la résurgence située dans un angle de la rivière souterraine, le specus de l’aqueduc parcourt une longue galerie naturelle, jusqu’à l’emplacement d’une petite salle qui a servi de bassin de décantation. À partir de celle-ci, les Romains ont axé leurs aménagements : enlèvement du plafond rocheux, établissement d’une salle surplombant le bassin, et de l’escalier monumental, départ du conduit vers sa destination finale.
Les Aqueducs Antiques de Saintes
Ce site présente une partie des recherches effectuées depuis 2003 par Jean-Louis Hillairet, l'archéologue responsable de l'étude et des fouilles des aqueducs antiques de Saintes.
Remerciements pour les prospections pédestres et les fouilles qui ont eu lieu depuis près de 15 ans avec la participation matérielle et financière de la SAHCM (Société d'Archéologie et d'Histoire de la Charente Maritime) et ses nombreux bénévoles, tout particulièrement Vincent Miailhe pour les relevés topographiques et Gérard Couprie pour ses recherches de terrain. Remerciements également aux propriétaires des terrains fouillés pour leur intérêt ainsi qu'aux mairies.