Des fontaines et des hommes - Film de David GENOU consacré à l’histoire des fontaines, au travail des bénévoles pour mettre en valeur les sites des fontaines et au projet de valorisation de l'aqueduc. Il rend hommage aux bénévoles, archéologues ou habitants du village, qui par leur volonté et leur engagement ont participé à la conservation du site, à sa compréhension et à sa mise en valeur - 2016
PORTION PRÉCÉDENTE DES AQUEDUCS
La galerie de l’aqueduc entre la source et le moulin a été aménagée dans une diaclase maintenant remblayée qui passait plusieurs mètres sous le lavoir actuel pour aboutir au cœur du moulin, lui-même taillé dans cette diaclase. L’aqueduc visible dans le moulin était au niveau de la galerie en amont, au dessous du lavoir.
Lors de sondages, nous avons découvert le départ des aménagements antiques maçonnés de la diaclase, ainsi que ses bordures à plusieurs endroits, en particulier dans le lavoir (traits rouge sur le cliché ci-contre). L’ensemble du dallage du lavoir s’appuie sur des murets mis en place au sein de la diaclase.
Enfin, entre le lavoir et le bassin de la source, il existe une masse rocheuse de 1.50 m de large qui s’avère être ce qui reste du toit de la galerie de la rivière souterraine.
Les installations antiques se trouvent dans la partie inférieure d’un ancien moulin du XVIIe siècle. En amont de ce bâtiment, le captage antique se trouve oblitéré par des constructions d’époque moderne, tel qu’un lavoir réalisé en 1854. Tout cet ensemble se trouve à l’intérieur d’un décaissement profond du substrat rocheux.
Le captage gallo-romain a été réalisé en détournant une partie des eaux souterraines, circulant au fond d’une diaclase. Le captage n'est pas accessible, car obstrué par les aménagements de l’ancien moulin.
Les Romains ont dû connaître l’existence de cette rivière souterraine, à cause de la présence de la diaclase vers la surface. L’ingénieur romain a réutilisé cet espace pour réaliser ses travaux, comme il l’avait fait à la Grand-Font. Il a utilisé le vide de cette grande salle pour y tailler dans la roche en place jusqu’à la surface, le futur bâtiment antique comprenant entre autres les aménagements suivants : le captage, le bassin, le début du tunnel, le specus et le déversoir.
La partie supérieure du bâtiment antique a été creusée dans ce substrat sur environ 7 à 8 m de profondeur. Ce dernier était composé d’une pièce carrée avec des murs s’appuyant sur les parois rocheuses et habillés à l’intérieur par un parement de moellons.
Au centre du mur antique nord-ouest de cette salle, se trouve une ouverture maçonnée dont la clef de voûte est visible depuis l’intérieur de la diaclase et se poursuit sur vingt-six mètres en direction du nord.
Le système de séparation d’eau : Cette pierre, posée en réemploi au dessus du bassin de captage, présente une ouverture centrale cintrée avec sur l’une des faces, une gorge ceinturant sur trois côtés l’ouverture centrale, de toute évidence réalisé pour recevoir une partie mâle, provenant d’un caniveau monolithe en pierre de taille.
L’hypothèse développée est la suivante. Pour réaliser le captage provenant de la rivière souterraine, l’ingénieur romain a réutilisé les éléments naturels dont il disposait (une grande cavité naturelle pour l’intérieur actuel du moulin, et une diaclase de faible largeur pour l’extérieur). La rivière souterraine ayant un débit important et le conduit étant étroit, l’ingénieur ne pouvait pas aménager un bassin de séparation entre les eaux destinées à l’aqueduc et le trop plein de la rivière.
Il a fallu innover pour que seule la quantité d’eau nécessaire puisse pénétrer dans le conduit de l’aqueduc. Il a donc imaginé un procédé par l’utilisation du bloc décrit ci-dessus avec, à l’arrière, le conduit réalisé en blocs monolithes jusqu’au bassin de décantation, l’ensemble étant positionné au fond de la faille et permettant de canaliser, par son ouverture, la seule quantité d’eau correspondant au volume du conduit de l’aqueduc, le reste s’écoulant naturellement dans la diaclase.
Le tunnel part du bassin de décantation, les 7 premiers mètres ont été surcreusés de façon à permettre la mise en place d’un habillage des parois, des murs latéraux, ainsi que de la voûte. Au-delà de cet habillage, le tunnel a été laissé brut de taille jusqu’à une voûte en maçonnerie permettant ainsi de pallier l’hétérogénéité de la paroi rocheuse marquée par la présence de poches d’argile.
À 17 m de l’entrée du tunnel, se situe le premier puits circulaire creusé dans la roche et couvert par des dalles à près de 9 mètres au dessus du fond du specus.
Au centre du mur antique nord-ouest de cette salle, se trouve une ouverture maçonnée dont la clef de voûte est visible depuis l’intérieur de la diaclase. Elle se poursuit sur 26 mètres direction nord. Cette ouverture permet d’avoir accès à la diaclase, car elle est le seul passage possible de l’eau venant du réseau karstique situé en amont.
Le specus antique ne conduisait qu’un très petit volume d’eau par rapport à celui de la rivière souterraine.
Cette faille servait de déversoir et ne devait pas être fermée.
Le specus est réalisé dans des blocs calcaires monolithes en forme de U liés par des joints d’étanchéités en mortier rose, recouvert par une dalle de couverture protégeant l'eau. Il part en direction de la vallée de ″La Tonne″ à l’intérieur d’un tunnel.
Le bassin de captage de la source antique de Vénérand se trouve en partie taillé en souterrain. La cavité présente une voûte en forme d’anse de panier avec un arrondi au niveau de parois latérales.
Ici, le toit de la diaclase se trouve à 7,70 mètres de profondeur par rapport au terrain naturel. Au-dessus du bassin existent les traces d’un creusement vertical remontant jusqu’à la surface, correspondant à un puits, similaire à celui de la ″Grand-Font″ au-dessus de sa résurgence.
Ce puits aurait-il également servi pour l’accès initial à la rivière souterraine puis pour la remontée de l’eau ? L’escalier d’accès à l’aqueduc et ses aménagements extérieurs doivent se trouver sous l’accès actuel du moulin et la porte d’entrée à l’emplacement de la fenêtre actuelle.
Le bassin de décantation a été réalisé dans un bloc de calcaire monolithe. Il manque au pourtour une élévation de maçonnerie, aussi haute que le conduit afin que l’eau soit conduite vers le specus. Il a été accolé le long du mur inférieur ouest du bâtiment et au début du tunnel.
PORTION SUIVANTE DES AQUEDUCS
SOURCE DE VÉNÉRAND (DEUXIEME AQUEDUC)
Plan de la source de Vénérand
Relevés et DAO J-L Hillairet
Les Aqueducs Antiques de Saintes
Ce site présente une partie des recherches effectuées depuis 2003 par Jean-Louis Hillairet, l'archéologue responsable de l'étude et des fouilles des aqueducs antiques de Saintes.
Remerciements pour les prospections pédestres et les fouilles qui ont eu lieu depuis près de 15 ans avec la participation matérielle et financière de la SAHCM (Société d'Archéologie et d'Histoire de la Charente Maritime) et ses nombreux bénévoles, tout particulièrement Vincent Miailhe pour les relevés topographiques et Gérard Couprie pour ses recherches de terrain. Remerciements également aux propriétaires des terrains fouillés pour leur intérêt ainsi qu'aux mairies.